L'éveil du TDAH

Aménagements scolaires et TDAH (maternelle et primaire)

Bonjour et bienvenue dans ce nouvel article. Dans cet article, je vais être accompagné de Fabienne Henry que j’ai invitée pour qu’elle nous partage ses connaissances sur les aménagements scolaires qui sont disponibles pour les élèves de maternelle jusqu’au primaire, au CM2.

Arthur :

Fabienne Henry, je vous laisse vous présenter en quelques mots.

Fabienne :

Merci de m’avoir invitée pour ces vidéos qui sont fort intéressantes. J’en ai visualisé quelques-unes et il est vrai que c’est un plaisir de voir des astuces pour les TDAH, des témoignages, etc.
Je me présente, je suis Fabienne Henri, présidente d’une association qui s’appelle « Suivi Enfant », qui œuvre pour l’école inclusive. On organise des événements, de l’information, de l’aide aux parents par rapport aux élèves qui ont des besoins éducatifs particuliers.
Professionnellement, je suis enseignante référente pour les élèves en situation de handicap. Enseignante spécialisée et anciennement professeur de mathématiques.

Arthur :

Dans cet article, vous allez nous partager les aménagements scolaires qui sont disponibles pour les enfants de maternelle et de primaire.

Fabienne :

Oui. Les aménagements vont dépendre du TDAH. Il y a trois aspects possibles quand on a un TDAH. Il y a le volet attention, trouble déficitaire de l’attention, le volet impulsif, impulsivité de l’enfant et le volet hyperactivité.
En fonction de ce qu’a l’enfant, de son TDAH, si c’est plus le volet attention, impulsivité ou hyperactivité, les réponses pédagogiques ne seront pas les mêmes. Je vais développer les trois, en commençant par l’attention.
Il y a trois profils d’enfants. Il y a l’enfant qui est impulsif, hyperactif. Ce sont souvent des garçons. On a quatre garçons pour une fille.
Le deuxième profil d’enfant, c’est un déficit de l’attention et ce seront plutôt les filles qui seront touchées. Je fais des groupes d’enfants, dans la réalité, tout cela est à modérer.
Le troisième groupe, c’est quelqu’un qui a tout. À la fois l’inhibition, l’hyperactivité et l’attention. Selon les trois profils, on n’aura pas les mêmes réponses et à savoir, si on est touché par les trois axes, on va être un élève difficile à gérer en classe. À la fois pour le groupe classe, pour l’enseignant et pour l’élève lui-même, ça va être compliqué.

Arthur :

D’accord. Pour le second ?

Fabienne :

Pour le second, j’ai dit qu’en général, c’étaient plus les filles. Une fille qui a un déficit de l’attention, en classe, ça va être une élève rêveuse, effacée, que l’on ne va pas remarquer et souvent, qui va se faire oublier, à son détriment, mais elle ne va pas déranger la classe, interpeller et c’est souvent celle qui va passer à côté des adaptations. Le premier, comme je parlais d’impulsivité et d’hyperactivité, on va être aussi sur un enfant, où, par obligation, on va devoir s’en occuper et proposer des adaptations. Trois profils, deux profils qui ont des besoins qui vont être obligatoires en termes de réponse pédagogique, parce qu’ils vont mettre parfois en péril la classe. J’ai des mots un peu violents, mais sur le terrain, ça peut être violent pour l’enfant, pour les parents et pour l’enseignant. Les adaptations vont s’imposer pour pérenniser la situation en classe et avoir une scolarité sereine, au mieux pour l’enfant. Un déficit de l’attention en maternelle, ça va être difficile à évaluer au départ.
On va supposer que notre enfant est diagnostiqué TDAH dans notre article ?

Arthur :

Oui.

Fabienne :

On suppose que le diagnostic est posé, on sait qu’en maternelle, les enfants bougent beaucoup, que l’attention est très fluctuante donc au niveau de l’attention, il ne va pas se faire remarquer plus que ça. Qu’est-ce que l’on peut proposer comme adaptations ? On peut proposer pour canaliser l’attention d’un petit, ce que l’on appelle le tunnel de l’attention. C’est-à-dire que l’on va dire à l’enfant, quand il y a quelque chose d’important à écouter en classe. On va faire en sorte que le regard, l’ouïe, tout, soit dirigé vers la même direction. Concrètement, ça veut dire que l’on va proposer une posture à l’enfant. La posture, ça va être celle-ci, les coudes sur la table. Je n’ai pas de table devant moi, mais je cache mes yeux à gauche, à droite, le regard est canalisé sur un point fixe.
Au niveau de l’audition, le son est vers l’enseignant. Ça s’appelle le tunnel de l’attention. Ce sont des petites astuces que je vais proposer, mais, qui mises bout à bout, les unes aux autres, vont faire que l’enfant va comprendre ce qu’est l’attention et ça va le mobiliser sur une tâche précise.
Première adaptation possible en classe pour des petits et des élèves d’élémentaire, le tunnel de l’attention.
Deuxième adaptation possible, c’est ce que l’on appellera un code invisible entre l’enseignant et l’élève. Le code, ça va être des regards appuyés, des gestes, le geste chut, le geste regarder. C’est un code qui est invisible pour le reste de la classe, mais qui, pour l’enfant et l’enseignant, est un code de communication entre eux. Après ce code de communication établi entre l’élève et l’enseignant, on peut avoir d’autres pistes, mais je rajouterai qu’un code de communication implicite, c’est très important parce que l’enfant va se sentir avoir une place privilégiée dans la classe et c’est important de savoir qu’il est reconnu par rapport à ce qu’il est. En maternelle, bien entendu, cela prend moins sens, mais plus l’enfant va grandir, plus ça va prendre sens.

Arthur :

Son estime de soi va être faible généralement lorsqu’il a un TDAH, le fait de le valoriser et de le faire sentir unique dans la classe, ça va être bénéfique pour son estime de lui-même et sa confiance en lui.

Fabienne :

Tout à fait. On verra tout à l’heure, je proposerai d’autres adaptations par rapport à l’estime. On sait que l’estime de soi elle est souvent à restaurer, elle est abîmée donc il y a des adaptations qui vont dans ce sens pour restaurer l’estime de soi.

Arthur :

D’accord.

Fabienne :

Une autre adaptation possible, par rapport à l’attention, il faut faire attention à l’espace de travail parce qu’un enfant qui a un trouble de l’attention va être distrait par tout ce qui se passe autour de lui donc la place dans la classe est particulièrement importante. Ne pas le placer près d’une fenêtre, parce qu’on sait que dehors, il y a les oiseaux qui passent. Si on est au bord d’une route, il y a les voitures qui peuvent klaxonner, etc. Il y a des bruits que l’on ne maîtrise pas donc au niveau visuel, l’isoler par rapport à la fenêtre.
Le mettre devant, c’est mieux, parce qu’il n’aura pas un regard sur ses camarades. Une classe, c’est vivant, ça bouge, il se passe toujours plein de choses intéressantes et inintéressantes au niveau de l’attention. Ça peut être une gomme qui tombe, un crayon où la mine se casse, mais tout ça, ça va faire que l’attention de l’enfant TDAH va se disperser donc plutôt le mettre devant, face au tableau et que l’enseignant ait une proximité avec l’enfant par rapport au code de communication entre eux. On parlait de regard, on parlait de gestuelle et ça peut être aussi de la proximité physique, l’enseignant s’approche de l’enfant. Ça fait partie d’un code de communication qui a été discuté et expliqué en entretien individuel avant d’être devant le groupe classe.

Arthur :

D’accord. Limiter toutes les distractions en le mettant devant, pas à côté des fenêtres, pour enlever toutes les distractions qui sont à l’arrière et à l’extérieur.

Fabienne :

Voilà, tout ce qui est pollution visuelle, sonore, etc. Quand on parle d’environnement de travail, il faut penser également à son bureau. Sa table d’élève, elle doit être la plus dépouillée. Il y a un travail à faire de la part des parents, fournir le minimum. Souvent, on a des listes à rallonges qui sont nécessaires, mais ça doit être dans la case. Sur l’espace de travail le minimum, parce que tout est sujet à distraction. Le minimum, ça va être le crayon à papier, le stylo bleu, la règle. Je dirais même que sur sa table d’écolier, chaque objet doit avoir sa place. Le crayon au même endroit, le crayon à papier au même endroit, ça va lui donner des repères et ça va l’empêcher d’être distrait par cet environnement de travail. Tout ça, on n’est plus sur de l’élémentaire, parce qu’un petit de maternelle, ne sera pas dans les mêmes conditions pour travailler. À chaque fois, selon l’âge, on prend ce que je dis ou pas.

Arthur :

D’accord.

Fabienne :

On a parlé de l’environnement de travail, on a parlé de code avec l’enseignant, de posture de l’élève. Je réfléchis encore pour l’attention, parce qu’il y a beaucoup de choses à dire, mais je ne vais pas tout développer, je vais donner de grandes lignes. Après, quand l’enfant grandit, au niveau de l’attention, lui apprendre à faire un rituel dans sa tête. Est-ce que physiquement, je suis en posture pour me mettre au travail de manière efficace ? Ça veut dire que l’enfant, avec l’âge, on est encore sur des petits, mais quand on monte dans les classes, à partir de huit ans, neuf ans, CM1, CM2, on peut apprendre à l’enfant à se connaître à voir qu’il perd l’attention. Garder l’attention longtemps, c’est compliqué pour tout le monde. Quand on est petit, on sait que l’on n’a pas beaucoup d’attention et en fonction de l’âge, l’attention augmente. Lui apprendre à se connaître et voir que s’il perd l’attention, lui donner des trucs pour se remobiliser. Quel genre de trucs ? Ça peut être, je me redresse, je mets les pieds bien ancrés au sol, je reprends ma respiration, je ferme les yeux. Ça ne se voit pas, c’est invisible par rapport à la classe, je me ressaisis et je repars.

Arthur :

D’accord. Ça, c’est à partir de huit ans ?

Fabienne :

Oui, avant, c’est trop tôt.

Arthur :

Il faut se connaître et savoir quand on est distrait.

Fabienne :

Oui, apprendre à se connaître, parce que plus l’enfant va monter en âge, plus c’est important qu’il s’auto-gère.

Arthur :

Qu’il se régule au niveau de son attention.

Fabienne :

Ça va venir avec l’âge. Bien sûr, petit, on ne va pas lui demander ça.

Arthur :

On peut passer à l’impulsivité.

Fabienne :

Oui. Être impulsif, c’est ne pas être dans l’inhibition. Un élève doit apprendre à s’inhiber en classe. Dès qu’il a quelque chose dans la tête, il ne peut pas se permettre de dire à haute voix, tout ce qu’il pense. C’est un des problèmes d’un enfant TDAH, c’est tout ce qui lui passe par la tête, il va le dire, il va le raconter, il va intervenir.

Arthur :

Il va dire les choses ou il va faire les choses et après, il va se poser la question au lieu de le faire avant.

Fabienne :

Oui, il ne va pas être dans l’inhibition. S’inhiber, c’est pareil, un enfant de 2 ans, n’a pas d’inhibition et avec l’âge, on ne va pas dire tout ce que l’on pense, on va attendre son tour, on va se poser la question, oui, mais là, je ne vais pas intervenir, ce que j’ai à dire ce n’est pas très intéressant. L’enfant TDAH, il n’est pas là-dedans. Il est sur le côté impulsif et comme vous le disiez, c’est plutôt après qu’il va se dire, mince.

Arthur :

Est-ce que j’aurais dû attendre ? Est-ce que j’aurais dû lever le doigt ?

Fabienne :

Oui, mais c’est trop tard, c’est fait. Pour pallier l’inhibition, chez les touts petits, on peut proposer, ça se fait dans les classes, un bâton de parole. C’est seulement quand on a le bâton de parole, que l’on a le droit de prendre la parole. Ce sont des processus qui apprennent l’inhibition. Pour l’enfant TDAH, on peut continuer ce bâton de parole, ce totem, on peut l’appeler comme on veut, mais ça veut dire que si, au niveau physique, je ne tiens pas un objet dans mes mains, je n’ai pas le droit de parler. Ça va marcher ou pas, parce qu’un enfant très impulsif, ça ne va pas suffire. Tout ça, ce sont des petits trucs.

Arthur :

Oui, à adapter en fonction de chaque enfant.

Fabienne :

Ensuite, au niveau de l’impulsivité, les enfants TDAH vont très vite se précipiter dans le travail, bâcler le travail, finir très vite et ils ne vont pas accorder le temps nécessaire au travail demandé parce qu’ils font pour finir ou ils sont dans une impulsivité au niveau du travail. Comment pallier à ça ? On peut proposer des sabliers au niveau du temps, en disant, « cette activité elle va prendre deux minutes, elle va prendre trois minutes », pour rythmer le temps nécessaire. Il ne faut pas aller trop vite, il ne faut pas aller trop doucement, lui donner des repères temporels au fur et à mesure des activités et à chaque fois, l’activité doit être très courte, parce que l’on a toujours ce problème d’attention. Des activités courtes, avec un temps de début et de fin. Il existe des timers, je ne sais pas si vous connaissez ?

Arthur :

Oui, pour se rendre plus facilement compte du temps qu’il nous reste.

Fabienne :

Voilà. Par contre, le timer, il peut poser problème au niveau de l’attention, parce qu’on voit, c’est rouge en général, le temps qui passe et ça peut distraire. On peut trouver d’autres moyens qui sont moins visuels. Il existe des applications avec le temps qui passe. Il y a plein de choses qui existent pour mettre un marqueur sur le temps. Là, je donne le truc, après, il faut aller chercher. Il y a le sablier, il y a le timer et il y a des applications. Pour l’impulsivité, dire à l’enfant, à chaque fois qu’il a quelque chose à dire, il va faire, un, deux, trois. Un : qu’est-ce que je veux dire ? Deux : est-ce que ça a un intérêt par rapport à ce qui se passe dans la classe ? Trois : si j’ai validé les deux premiers, je lève la main. Lui apprendre à avoir un rituel et l’enseignant pourra lui faire quand il voit que l’enfant commence à prendre à la parole. Du coup, l’enfant s’arrête et refait ce chemin dans la tête, mais le chemin vers l’inhibition n’est pas naturel chez un enfant TDAH. Les autres enfants, on ne leur apprend pas à attendre leur tour, à ne pas passer devant. Là, ça demande un apprentissage. L’apprentissage, ça va passer par de la gestuelle. Est-ce que t’as fait un, deux, trois ? Lui dire que ça, ça correspond à un schéma cognitif dans sa tête. Un : je m’interroge sur ce que j’ai à dire. Deux : est-ce que c’est le bon moment ? Trois : je lève la main. Ça peut permettre à un enfant de travailler sur son impulsivité.

Arthur :

D’accord. Après, ça va devenir automatique au fil du temps.

Fabienne :

Petit à petit.

Arthur :

Oui, c’est un processus.

Fabienne :

Ça peut prendre un an, deux ans, etc. C’est un travail de longue haleine.

Arthur :

On est sur du long terme.

Fabienne :

On est toujours sur du long terme et plus le trouble est sévère, plus ça peut perdurer. Toujours sur le volet impulsivité, on peut avoir des pictogrammes visuels par rapport à l’enfant. Ça peut être des pictogrammes au niveau de l’émotion. Quand l’enfant est trop agité, il existe des échelles. D’ailleurs, au passage, j’en parle, mais j’ai une page Instagram.
Je parle de tout un tas d’adaptations et notre association a une page Instagram et une page Facebook où on donne les liens pour trouver les pictogrammes dont je parle, pour trouver, je parlais, de timers. Toutes les adaptations, au fur et à mesure, on les retrouve sur ces différents sites. Je reviens sur ce que je disais. Il existe des échelles d’émotion où on va dire à l’enfant, qu’au niveau de son impulsivité, ça ne va pas. Ça va être une échelle qui commence dans le rouge, l’orange, le vert, etc. et quand on parlait d’estime de soi, à chaque fois que l’enfant est dans le bien-être au niveau de son attitude, on va lui donner des récompenses. On ne va pas différer la récompense par rapport à d’autres enfants, on va toujours être dans le temps présent. La récompense, ça peut être des smileys verts, des bons points. Ça peut paraître ringard, des fois, il y a des personnes qui ne sont pas pour les bons points.

Arthur :

Ça se fait encore beaucoup.

Fabienne :

Oui, tout à fait. Il existe des bons points, où, quand on les met ensemble, ça forme un grand puzzle. Il y a plein de choses maintenant, qui sortent du traditionnel bon point, un bon point égal une image. Il y a des choses qui sont plus ludiques. Je reviens sur l’impulsivité. Je pense que la récompense, c’est tout de suite. Ce n’est pas, à la fin de la journée, on fera un bilan. C’est, tu as fait bien, tu es au bon endroit de l’échelle, tu as ta récompense. La récompense, ça peut être juste à l’oral, c’est très bien. Ça peut être aussi un mot dans le carnet de liaison avec les parents, parce qu’on dit souvent ce qui ne va pas et quand ça va, on n’en parle pas. L’enfant TDAH, il a besoin d’être valorisé, donc valorisé par l’enseignant. À la maison aussi, ça fait du bien à la famille d’entendre « tout va bien », parce que ce n’est pas souvent le cas.

Arthur :

Oui, c’est souvent l’inverse. Là, d’entendre qu’il y a quelque chose qui a été fait, qui est bien, ça peut encourager les parents.

Fabienne :

Oui, ça va restaurer l’estime de soi, ça va apaiser les relations familiales, la fratrie ou la relation avec l’école, c’est important cette communication positive. Malheureusement, on est souvent sur une communication dans ça ne va pas et quand ça va, on l’oublie, parce que ça semble normal, mais pour un enfant TDAH, on sort de cette normalité. On est sur quelque chose où l’enfant est en progrès et en progrès vital par rapport à son parcours scolaire.

Arthur :

Oui, quelque chose qui peut paraître anodin pour n’importe quel élève qui n’aurait pas de TDAH, peut, pour un élève qui a un TDAH, être un grand pas vers quelque chose de meilleur.

Fabienne :

Tout à fait. Il sera dans la répétition du comportement adéquat et là, on a gagné.

Arthur :

D’accord.

Fabienne :

L’impulsivité, une autre piste. On peut proposer à l’enfant, quand on sent qu’il a quelque chose à dire, c’est vital, il doit le dire maintenant, d’essayer de lui faire prendre l’habitude de passer par l’écrit ou par un dessin et de créer une boîte à demande. À sa disposition, il peut bouger dans la classe, aller écrire, je me pose cette question et il la met dans la boîte qui sera lue par l’enseignant à un autre moment. Ça répond à son impulsion du moment, il ne rentre pas dans une frustration, mais par rapport à la classe, ça diffère sa demande, donc on peut créer une boîte à demande. Lui, aura le droit de se lever, mais pas les autres enfants de la classe, c’est ce que l’on appelle des adaptations.

Arthur :

Le fait de mettre sa question par écrit et ne pas avoir la réponse tout de suite, ça ne va pas le frustrer ?

Fabienne :

Si, vous avez raison, mais on est sur un travail qui se fait au fur et à mesure du temps. Quand on lui a dit par exemple, tu vas te poser dans ta tête, un, deux, trois, le deux : est-ce que ma question est vraiment utile maintenant ? Si la réponse est non, on va lui apprendre à passer à l’écrit.

Arthur :

D’accord, vous faites ce processus.

Fabienne :

Oui. Ce que je dis là, on est sur du long terme, on ne va pas lui dire tout de suite, il ne le fera pas, parce que la question sera trop prégnante, il ne pourra pas le faire.

Arthur :

D’accord. Il faut qu’il soit avancé dans le processus.

Fabienne :

Oui.

Arthur :

Qu’il ait un certain contrôle sur son impulsivité.

Fabienne :

Ce sont des adaptations qui se travaillent tout au long de l’année, qui se construisent, il faut que l’enfant soit en confiance. Ce n’est pas le jour de la rentrée, il faut du temps.

Arthur :

D’accord. Je propose que l’on passe au dernier point.

Fabienne :

Oui. Le dernier point, l’hyperactivité, c’est ce qui va être le plus dérangeant pour l’enfant, pour l’enseignant et pour la classe. L’hyperactivité, elle est là. Il y a des enfants qui ont des traitements médicamenteux, d’autres non. Je ne me prononcerai pas sur les traitements, ce n’est pas l’objectif aujourd’hui, on va parler au niveau pédagogique.
Cette hyperactivité est là, qu’est-ce que l’on peut faire en classe pour y répondre ? On ne va pas pouvoir dire à l’enfant « tiens-toi droit », « arrêtes de bouger », « ne te lèves pas ». Ça fait partie du trouble et l’enfant va être obligé, parfois, de se lever, de s’agiter. C’est la suite de l’impulsivité. Quelles vont être les réponses ? Les réponses, c’est qu’en maternelle, à l’école primaire, on va aménager son espace de travail par rapport au fait que l’enfant bouge. Ça veut dire quoi ?
En France, on est en retard par rapport à certains pays, je pense au Canada. Au Canada, ils ont, je commence par l’aménagement extrême qui n’existe quasiment pas dans les classes en France, mais on pourrait y arriver, c’est de permettre à l’enfant de bouger quand il travaille. Il y a des bureaux vélos. L’enfant pédale. Vous avez déjà vu ?

Arthur :

Oui, j’ai vu, c’est top. Ça lui permet de bouger et de dépenser son surplus d’énergie que les autres n’ont pas et de maintenir son attention sur un cours, plus facilement, que s’il restait assis sur une chaise.

Fabienne :

Le problème, c’est que l’on ne va pas beaucoup le trouver par chez nous. Ça peut paraître farfelu, parce que quelqu’un de lambda, qui n’a pas un TDAH, on lui demande de pédaler et de travailler, il va se dire, « Non, qu’est-ce que c’est ? ».

Arthur :

Lui, ne va pas y arriver.

Fabienne :

Oui, ça n’a pas de sens, mais un enfant TDAH, si on lui permet de bouger tout en travaillant, ça va l’aider. Si on oublie ce bureau-vélo qui n’est pas encore arrivé jusqu’ici ou qui est arrivé de manière infime, on va permettre à l’enfant de bouger. Ça veut dire bouger physiquement sur son bureau. Un enfant lambda, on va lui dire d’être bien assis, bien droit, etc. L’enfant qui a un TDAH, il va pouvoir, pourquoi pas, se mettre sur sa chaise d’une manière non-traditionnelle.

Arthur :

Dans une position où il est à l’aise et où il est plus enclin à se concentrer.

Fabienne :

Voilà. On va lui proposer des postures qui sont non-conventionnelles. Ça, c’est à expliquer au reste de la classe, les enfants sont aptes à comprendre. Un enfant de maternelle, il ne va pas pouvoir rester assis un long moment, donc on va lui permettre de bouger. Bouger avec un cadre, bouger parce qu’il a des missions, ramasser les crayons de couleurs qui ont été utilisés, ramasser les papiers.

Arthur :

Distribuer.

Fabienne :

Distribuer, tout à fait. Deux choses, ça va, un, le responsabiliser et le mettre en valeur et deux, répondre à son besoin de bouger. On travaille à la fois l’estime de soi, l’air de rien et on le laisse bouger au sein de la classe. Si l’enfant est trop en hyperactivité et que ça ne devient pas gérable, on va pouvoir lui permettre de sortir de la classe pour aller souffler à l’extérieur de la classe. Bien entendu, on ne peut pas dire à un enfant de cinq ans, « Tu ouvres la porte, tu vas faire un tour de récréation et tu reviens. » Au niveau sécurité, ce n’est pas possible. Pour un enfant TDAH, on n’a pas parlé des plans d’accompagnement à l’école, on le développera après.

Arthur :

Oui.

Fabienne :

Parce que ça regroupe tout.

Arthur :

D’accord.

Fabienne :

On peut mettre en place des plans d’accompagnement et quand je dis que l’enfant peut sortir, il peut sortir avec une aide humaine, une AESH, un accompagnement pour les élèves en situation de handicap, qui vont, lorsque l’enfant n’arrive plus à se contenir, le sortir de la classe, lui proposer de respirer, un retour au calme, un rituel. Il ne faut pas que l’AESH sorte pour sortir, il faut qu’il y ait un retour au calme, donc voir avec l’AESH, comment travailler une sorte de rituel pour faire tomber les émotions, faire tomber cette agitation corporelle.

Arthur :

Pour se reconcentrer après

Fabienne :

Oui.

Arthur :

Oui.

Fabienne :

D’accord.

Arthur :

Oui.

Fabienne :

Quand l’enfant est pus grand, on peut lui proposer des objets pour cette hyperactivité. Ça peut être des boules anti-stress que l’enfant malaxe. Il y a plein de petites choses. Toujours sur la page Instagram, il y a plein d’objets qui permettent de bouger sans que ça ne gêne le reste de la classe. Ensuite, ça, c’est possible dans nos classes, l’enfant TDAH va avoir tendance à bouger sa chaise dans tous les sens, ça fait du bruit parce que le carrelage contre les pieds, ça fait du bruit. Il y a des enseignants qui mettent des balles de tennis coupées en deux et ça absorbe le bruit. Ça permet de bouger les chaises sans gêner.

Arthur :

Sans perturber toute la classe.

Fabienne :

Oui. Il faut penser, « Comment aménager ma classe, pour que le mouvement, l’hyperactivité de l’enfant, ne gêne pas les autres ? » L’objectif, c’est que la classe fonctionne avec tout le monde.

Arthur :

Oui. Ce sont plein de petits aménagements, qui en plus, ne sont pas très coûteux.

Fabienne :

Non.

Arthur :

Qui sont accessibles à tout le monde et qui mis bout à bout, vont avoir un impact sur la scolarité de l’enfant.

Fabienne :

Oui, comme vous le dites, mis bout à bout, ils vont changer le quotidien de l’enfant. Si on en prend qu’un, on se dit que ça ne sert à rien, mais quand on enchaîne, quand l’enseignant a la posture professionnelle par rapport aux adaptations, ça facilite le quotidien scolaire de l’enfant.

Arthur :

D’accord.

Fabienne :

Je voulais rajouter, en maternelle, ce que l’on peut faire, c’est lui créer un coin à lui. Il existe, on en trouve en maternelle des fois, des petites tentes. Au niveau sensoriel, quand l’enfant est trop agité, on coupe le son, on coupe le visuel et l’enfant se retrouve dans une petite tente en milieu confiné, avec un endroit doudou, des coussins et un retour au calme où on laisse tomber cette agitation. Tout à l’heure, je parlais d’aide humaine, là, c’est sans l’aide humaine. On peut, en construisant ça au fil de l’année, lui créer un endroit de retour au calme et il se l’approprie. Il va trouver son livre préféré, il va regarder des images, des choses comme ça, qui vont lui permettre de faire retomber cette pression. Si on voit que l’enfant a besoin de travailler debout, il peut travailler debout. Pourquoi pas, ça se fait. Il y a des enfants TDAH qui travaillent debout et ils travaillent mieux debout qu’assis, bien droits, etc. Ça peut être une solution, de lui accorder ce debout. Ensuite, quand on parlait d’agitation, il faut que l’enfant et la classe soient au clair, que l’enseignant ait compris ce qu’est le TDAH et tolère plus d’agitation de la part de cet enfant. À un moment donné, par des pictogrammes, il va signaler que l’enfant, ça ne va plus et soit on va l’accompagner vers la tente, soit on va le sortir avec l’AESH. L’enseignant a une tolérance plus, plus, sinon, ce n’est pas possible de fonctionner dans la classe correctement. L’enfant va être sans arrêt puni, sanctionné et ce n’est pas l’objectif. On est plutôt, comme on le disait tout à l’heure, dans la valorisation.

Arthur :

Dans la bienveillance.

Fabienne :

On construit l’estime de soi au fur et à mesure des années.

Arthur :

Ouais.

Fabienne :

Nous venons de décliner les adaptations possibles par rapport à l’attention, l’impulsivité, l’inhibition et l’hyperactivité.
Maintenant, de manière globale, il y a deux grands plans d’accompagnement qui existent à l’école pour un enfant TDAH.
Le PAP, qui est le plan d’accompagnement personnalisé et le PPS, qui est le projet personnalisé de scolarisation. Le PAP, c’est un document qui liste toutes les adaptations possibles pour un enfant TDAH. À savoir, le PAP a été écrit en collaboration avec des parents d’associations « dys », dyslexie, dyspraxie, etc. et pas de parents TDAH, donc les adaptations proposées dans le PAP, ne correspondent pas forcément à un enfant TDAH. Ce n’est pas grave, parce qu’à la fin du PAP, il y a des cases vierges, donc ce que l’on a évoqué ensemble, on peut le rajouter et modifier le document, pour qu’il soit conforme aux besoins d’un enfant TDAH. Le PAP, on le remplit souvent dans le secondaire, pas à l’école maternelle et primaire, parce qu’à l’école maternelle et primaire, il n’y a qu’un enseignant et on n’a pas besoin d’instaurer ce cadre. Certains pourront le déplorer parce que ça formalise de manière officielle les choses, mais s’il y a une bonne entente entre tout le monde, on peut se servir du PAP, comme moyen de mémoire à savoir ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas. Si ce n’est pas validé par le médecin scolaire, parce que tout est un peu long au niveau des démarches administratives, ce n’est pas grave, on sait que l’enfant a des adaptations. Par contre, au collège et au lycée, il est primordial que le médecin valide ce plan, sinon, il ne sera pas valide.
Le deuxième plan d’accompagnement, le PPS, le projet personnalisé de scolarisation, c’est plus compliqué de le mettre en œuvre, parce que ça veut dire que côté parents, il faut faire une reconnaissance auprès de la MDPH, la maison départementale pour les personnes en situation de handicap. Souvent, on va demander comme on l’évoquait tout à l’heure, une aide humaine pour aider l’enfant à rester élève. Là, il faut mobiliser la MDPH. Il y a un dossier à remplir, un certificat médical cerfatisé, avec l’école, il faut remplir ce que l’on appelle un guide d’évaluation scolaire, Geva-Sco, des renseignements scolaires. Il y a tout un dossier à remplir et la MDPH acceptera ou non la demande par rapport au TDAH. Il y a deux grands plans d’accompagnements.

Arthur :

Je vous remercie Fabienne, d’être intervenue durant cet article.

Recevez mes 10 meilleurs conseils pour améliorer votre attention rapidement en ayant un TDAH

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Je m'appelle Arthur Jasinski, je suis un jeune étudiant et entrepreneur de 19 ans ayant un trouble de l'attention. J'ai créé ce blog pour partager les actions que j'ai mises en place ainsi que les techniques qui ont changé ma vie. L'objectif que je me suis fixé est d'accompagner les personnes ayant tout comme moi un trouble de l'attention pour les aider à s’épanouir dans leur vie.

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