L'éveil du TDAH

TDAH et Haut Potentiel : Quelles ressemblances et quelles différences ? (Dr Olivier Revol)

Le Haut Potentiel (HP) est un terme dont on entend de plus en plus parler autour de nous. Mais savez-vous vraiment ce qu’est le Haut Potentiel ? Dans cet article, le professeur Olivier Revol va vous évoquer les ressemblances et les différences qu’il y a entre le TDAH, et le Haut Potentiel.

Olivier REVOL est neuropsychiatre, pédopsychiatre, chef du Centre des troubles des apprentissages à l’hôpital neurologique de Lyon. Il est spécialisé dans l’hyperactivité et la précocité intellectuelle. Il dirige le Centre des troubles d’apprentissage de l’hôpital neurologique de Lyon. Il est l’auteur des livres On se calme !, J’ai un ado… mais je me soigne, Même pas grave !, et 100 idées+ pour accompagner les enfants à haut potentiel.

Je dirige un service de psychopathologie de l’enfant, spécialisé dans les enfants agités, et les enfants en difficulté scolaires et comportementales. Ces enfants ont deux profils qui nous intéressent aujourd’hui : le Haut Potentiel Intellectuel (HPI), et le trouble du déficit d’attention avec hyperactivité (TDAH).

La mise en perspective du TDAH et du Haut Potentiel

Un incroyable piège diagnostic

C’est intéressant de mettre en perspective ces deux profils pour différentes raisons. D’abord parce que c’est un piège diagnostic, dans la mesure où les symptômes peuvent se retrouver dans les deux profils. Aussi bien chez le Haut Potentiel que dans le trouble de l’attention. L’agitation par exemple, en particulier à l’école, la difficulté à accepter les règles et les consignes, le sentiment de se sentir incompris par l’environnement, etc. Et jusque-là, quand on m’amène un enfant de 7, 8 ans, la maman me dit qu’il est isolé, que la maîtresse est en difficulté, qu’il argumente tout le temps, qu’il n’aime pas faire de choses répétitives, etc. Et après ça, je ne sais toujours pas si on est dans le Haut Potentiel, dans le TDAH, ou dans les deux. Parce qu’on peut aussi avoir la coexistence de ces deux profils, ce qui est un piège diagnostic assez incroyable.

Les symptômes du TDAH et du Haut Potentiel

Alors reprenons déjà la sémiologie (les symptômes), pour lesquels on m’adresse les enfants. Un enfant qui s’ennuie, qui a du mal à respecter les consignes, qui a du mal à faire des tâches ménagères et/ou répétitives, on doit se demander pourquoi. Parce que le problème, ce sont les conséquences. C’est-à-dire qu’à un moment donné, ce problème qui est sans doute lié à un équipement neurologique particulier, va avoir pour répercussion ce que j’appelle l’effet domino. Le “domino neurologique” va faire tomber le “domino réussite scolaire”, le “domino ambiance familiale” et au bout du compte le “domino estime de soi”. Ce sont donc des enfants très intelligents, qui vont être à un moment donné en difficulté dans leurs relations familiales, sociales et scolaires. Ce trépied est fondamental pour l’équilibre et l’harmonie de l’enfant. Et quand celui-ci commence à être en difficulté dans un de ces trois pôles, et bien l’enfant mérite qu’on s’y arrête et qu’on essaie de comprendre pourquoi.

Alors, on ne va pas revenir sur le TDAH, tout le monde connaît bien ce trouble neurodéveloppemental, lié à un problème préfrontal. Il est lié à un dysfonctionnement de la région qui permet de réfléchir avant d’agir, d’anticiper les conséquences de ses actes, de planifier une action, de se projeter dans l’avenir, de se motiver pour le travail scolaire, etc.

Le Haut Potentiel, c’est autre chose. On a mis des enfants à Haut Potentiel dans l’IRM fonctionnelle, on leur a fait faire des petites taches, et on a regardé comment leur cerveau traitait les informations. On sait que l’enfant à Haut Potentiel, à la différence de l’enfant TDAH, traite l’information de façon globale. Il éclaire plein de régions dans son cerveau avec des connexions qui sont multiples, et il va recruter (c’est le terme de neurosciences), des régions pour répondre à une question qui sont bien plus larges, et bien plus disparates que l’enfant standard. L’enfant à Haut Potentiel à un rapport aux autres et à la vie qui est différent de l’enfant standard. Non pas pour un problème neurodéveloppemental, mais plus pour un problème de rapidité, de compréhension, d’empathie, d’intuition, d’horreur de l’injustice, etc.

Se sentir en décalage lorsqu’on a un TDAH et un Haut Potentiel

Dans les deux cas, un enfant peut se sentir en décalage. Il peut se sentir en difficulté avec les autres, et finalement, ne pas avoir les résultats scolaires qui devraient être les siens. Il n’arrive pas à transformer des compétences en performances. Et notre mission, et tant que soignants, de médecins, de parents, et d’enseignants, c’est de comprendre l’origine de l’agitation ou du désintérêt, ou même du trouble d’attention, parce qu’un enfant à Haut Potentiel peut avoir un trouble d’attention quand il s’ennuie. En général, il ne l’a pas de partout. Dans ses passions, il n’a pas de troubles d’attention. Il peut travailler pendant des heures. Face à un enfant qui est considéré comme distrait ou agité ou pas motivé, notre mission est de rapidement ouvrir ce qu’on appelle en médecine un arbre décisionnel, comme on le ferait pour n’importe quels symptômes. On m’amène un enfant qui a de la fièvre, avant de dire ce qu’il a, je vais chercher. Je vais regarder. Eh bien pour cet enfant qui bouge, qui ne tient pas en place ou qui ne s’intéresse pas de partout, et dans toutes les situations, je dois me poser une question. La question est : “A-t-il un TDAH ? Un Haut Potentiel ? Ou les deux ?”.

Le diagnostic du Haut Potentiel et du TDAH

L’entretien pour le diagnostic du Haut Potentiel et du TDAH

Le diagnostic est finalement assez simple. D’abord, il y a ce qu’on appelle l’anamnèse (l’historique). Vous m’amenez votre enfant de 8 ans en m’expliquant qu’il ne tient pas en place et que la maîtresse n’en peut plus, ok. Il bouge et il est inattentif, d’accord.
Mais où ? Quand ? Et depuis quand ?

Si la réponse est : “depuis toujours. Dès la sortie de la maternité, il était agité. On ne pouvait pas le changer comme les autres sur la table à langer parce qu’il remuait trop. Il fallait le mettre sur le lit”. Si dans toutes les situations, depuis qu’il est né, ce trouble de l’attention, cette agitation, et cette impulsivité se retrouvent, il y a de fortes chances que ce soit un trouble neurodéveloppemental. Et il y a de grandes chances que ce soit un trouble du déficit d’attention avec hyperactivité.

En revanche, si les parents me disent qu’il ne bougeait pas petit. Qu’il s’intéressait à plein de trucs. Et que c’est quand ils l’ont mis à l’école avec l’obligation de rester assis qu’il a été plus compliqué, là, on doit se dire qu’il y a peut-être autre chose. Et que finalement, il n’est pas né avec un trouble du neurodéveloppement qui le fait bouger. C’est quand on l’a mis dans des situations qui ne lui convenaient pas, ou qui étaient anxiogènes pour lui. Parce qu’on sait que les enfants à Haut Potentiel souffrent aussi de questionnements anxieux pour des questions sur l’origine du monde, sur l’avenir, sur la mort, sur l’état de santé des gens qu’ils aiment, etc. Eh bien ça aussi ça peut être responsable de troubles de l’attention. Parce que quand on a l’espace psychique déjà occupé, que l’enfant est préoccupé par d’autres choses, c’est plus compliqué pour lui de s’intéresser à des choses moins intéressantes, comme les cours.

L’échelle de Conners pour le diagnostic du Haut Potentiel et du TDAH

Donc une fois qu’on a fait ce premier questionnaire, on va pouvoir s’appuyer sur des échelles qu’on fait remplir, comme l’échelle de Conners. Cette échelle permet d’évaluer l’hyperactivité. Et quant à la maison, le papa, la maman, la grand-mère et la nounou remplissent ce questionnaire en indiquant que cet enfant n’a pas de problème à la maison. Qu’il ne bouge pas et n’est pas distrait, alors qu’il est agité à l’école, on va avoir un argument pour évoquer un problème d’enfant à Haut Potentiel qui s’ennuie que dans certaines situations. En revanche, si les retours des maîtresses et des parents ont une réponse au questionnaire de Conners qui est trop élevé avec un enfant qui est très agité de partout, vraisemblablement, il porte ça en lui. Et c’est un trouble du neurodéveloppement.

Le test de qi pour le diagnostic du Haut Potentiel et du TDAH

Après l’entretien familial (il bouge ou, quand, depuis quand ?) et les questionnaires, vient le test de qi. Celui-ci est fondamental. On va voir l’enfant à Haut Potentiel ayant un potentiel supérieur à 130 dans la plupart des items, là où l’enfant TDAH, qui a une intelligence normale ou normale forte, va chuter dans des épreuves comme la vitesse de traitement ou la mémoire de travail. Car ce sont des épreuves qui vont solliciter l’attention, la concentration, et les capacités à gérer l’impulsivité. Alors après, on a tout ça. On met sur la table les renseignements cliniques, les questionnaires de Conners, et le test de qi. Et parfois, on se dit que c’est étrange parce qu’il a un peu de tout. Il bouge à l’école, et il bouge un peu à la maison. Dans son test de qi, il y a des points très forts au niveau verbal, non verbal, ou visio spatiale par exemple. Et puis des points beaucoup plus faibles (mémoire de travail, vitesse de traitement). Peut-être que cet enfant cumule les deux profils.

Et là ça devient vraiment intéressant de faire les bons diagnostics dans la mesure où ces enfants-là sont doublement pénalisés ! Il est intelligent, mais il ne fait pas tout ce qu’il devrait faire. Il n’a pas la réussite qu’il devrait avoir. On voit bien qu’il pourrait mieux faire et il est vécu comme un enfant dilettante, pas motivé, provocateur qui le fait exprès. Jusqu’au jour où on fait le diagnostic ! Jusqu’au jour où, sur le test de qi, on peut montrer à la famille ce fameux décalage et là, on va expliquer à l’enfant pourquoi depuis toujours, on lui dit qu’il pourrait faire mieux ! Pourquoi lui-même commence à douter de soi ! Pourquoi on lui dit qu’il est très intelligent et qu’il pense que c’est faux. Le fameux syndrome de l’imposteur. Il se dit qu’un jour, on va découvrir qu’il n’est pas aussi intelligent que ça. Et c’est l’intérêt d’avoir en tête ce double profil, parce que chaque semaine, on rencontre en consultation des adolescents et des adolescentes, en général vers la fin du collège, au début de la seconde. Ils m’expliquent avoir pu compenser pendant toute leur scolarité leur trouble d’attention grâce à leur intelligence.

Et surtout pour les filles, car on sait que les filles internalisent leur différence, alors que le petit garçon qui a un TDAH va vite être repéré parce qu’il bouge, parce que la maîtresse de maternelle l’a repéré, et que déjà à la crèche, on l’a repéré. La fille qui a un TDAH a tendance à le garder à l’intérieur. Elle l’internalise. Elle a souvent que le trouble de l’attention, et pas forcément d’hyperactivité et d’impulsivité. Elle a compensé avec son intelligence. Elle a eu des très bonnes notes en primaire. C’est une petite fille modèle qui réussissait bien. Ça commence à être plus compliqué au collège. Quand vous avez un trouble de l’attention, le collège est classiquement plus compliqué parce qu’il n’y a pas la maîtresse derrière, pour cadrer et pour contenir. Parce qu’on nous demande plus de capacités d’organisation. Et là ça devient plus dur. Il arrive à compenser avec son intelligence. Mais quand il rentre au lycée, c’est compliqué. Et quand les premiers résultats chutent chez un enfant et surtout une enfant qui a toujours eu de bons résultats, ça peut être un effondrement psychologique. Elle se dit que ça y est, ils ont découvert le pot-aux-roses. Ce qu’elle craignait depuis toujours, ce qu’elle pensait sans le dire à personne (qu’elle n’est pas aussi intelligente que ça) apparaît.

Jusqu’au jour où on lui montre son test. On lui explique ce qi en montagnes russes avec des points très forts et des points moins forts. Et là, il est encore temps de proposer une remédiation cognitive. Des stratégies pour ne pas faire de fautes bêtes. Apprendre à se relire. Un tiers temps supplémentaire pour le bac et pour les études supérieures. Éventuellement un traitement de méthylphénidate. Et là, on voit d’un seul coup se remettre à niveau les compétences attentionnelles et les compétences intellectuelles. On voit une adolescente qui reprend le sourire. Une famille qui reprend le sourire et qui respire. Parce que, pendant très longtemps, ces enfants-là ont été considérés comme des enfants ayant un problème psychologique ! Pourquoi réussissait-elle bien jusqu’à maintenant et s’effondre d’un seul coup ? Et là, on a la réponse.

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Je m'appelle Arthur Jasinski, je suis un jeune étudiant et entrepreneur de 19 ans ayant un trouble de l'attention. J'ai créé ce blog pour partager les actions que j'ai mises en place ainsi que les techniques qui ont changé ma vie. L'objectif que je me suis fixé est d'accompagner les personnes ayant tout comme moi un trouble de l'attention pour les aider à s’épanouir dans leur vie.

Qui suis-je ?

Je m'appelle Arthur Jasinski, je suis un étudiant et entrepreneur ayant un TDAH.
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